L’édulcoration des Journées Mondiales de la Jeunesse ? Prendre Mgr Aguiar au mot

Dec 28, 2023

Le pape Saint Jean-Paul II a lancé les Journées mondiales de la jeunesse sur le modèle de son propre travail de professeur d’université auprès des jeunes, offrant une vision catholique claire et explicite, n’excluant personne mais n’adaptant pas non plus son message pour « adoucir » ses contours catholiques.

16 juillet 2023John M. Grondelski, Ph.D.Fonctionnalités, Opinion42Print

À la suite de la débâcle provoquée par les remarques du cardinal désigné Americo Aguiar selon lesquelles les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) 2023 n'ont pas l'intention de « convertir » les jeunes parce que leur objectif était plutôt une sorte d'exercice amorphe de « fraternité », quelqu'un a apparemment envoyé une alerte « Lisbonne, nous avons un problème ». Les mécanismes défensifs habituels se sont mis en place : chaque fois qu’un hiérarque prononce aujourd’hui quelque chose de complètement farfelu, il s’efforce de revenir sur ces remarques farfelues.

Cela a commencé avec Mgr Aguiar lui-même. Il n’a certainement jamais voulu suggérer que les JMJ ne devraient pas amener les jeunes – même les jeunes non catholiques – à « Dieu ». Non, le responsable des JMJ 2023 et évêque auxiliaire de Lisbonne espère que tous les jeunes y vivront une « expérience de Dieu » positive.

Mais ce « Dieu » a un nom. Et que Dieu s’est révélé et a prononcé sa Parole, qui est « Jésus-Christ ». Pourquoi cette allergie au Nom (cf. Actes 5, 40-41) ?

Bien sûr, cela a l’air génial de parler d’une « expérience de Dieu », mais je crains que l’expression ne soit qu’une simple bouillie de savon aux yeux des fidèles, offrant une petite gorgée tout en faisant avancer un programme. Franchement, je pense que les commentaires d'Aguiar du 6 juillet étaient tout à fait exacts quant à sa pensée : bien qu'organisé par l'Église, il s'agit d'un rassemblement de la jeunesse mondiale (la plupart d'entre eux, il est vrai, catholiques) réunis pour célébrer la « fraternité » et la « diversité » parmi ceux qui croire en quelqu'un ou en quelque chose. Cela pourrait être D.ieu, cela pourrait être Allah ; pour les non-croyants, cela pourrait être « la justice sociale » ou même « la Force soit avec vous ». Ensuite, ils rentreront tous chez eux, reconnaissants de la diversité religieuse, avec l'avantage supplémentaire de savoir qu'il y a encore tant de gens qui reconnaissent quelque chose de plus grand qu'eux (mais ne soyez pas « triomphaliste » à ce sujet).

C'est pourquoi, jusqu'à ce que j'entende une orientation explicitement christocentrique de la part d'Aguiar et du pape François, je n'achèterai pas la « clarification » de l'évêque ni ne modifierai mon argument selon lequel nous assistons à l'abrutissement des JMJ.

La ligne de défense suivante est que Mgr Aguiar a été cité hors de son contexte et, par conséquent, volontairement mal compris : tout ce à quoi il s’est opposé était « le prosélytisme actif ».

Trois réponses : (1) Sauf comme un bugaboo dans l'esprit du pape François, qui peut citer un exemple au cours des dernières décennies d'un événement organisé sous les auspices institutionnels catholiques explicites et impliquant un prosélytisme pur et agressif ? (2) Puisque Aguiar est considéré comme un porte-parole des médias ecclésiaux et une célébrité au Portugal, pourquoi devons-nous croire qu’il ignorait innocemment comment ses remarques pourraient être interprétées ? (3) Après dix ans de pontificat, pourquoi y a-t-il encore des problèmes de « communication » constants ? Le problème pourrait-il résider dans la théologie confuse qui se cache derrière cela ?

Deux essais sur le site « Where Peter Is » tentent de faire tourner la polémique. Claire Domingues et Pedro Gabriel voudraient nous faire croire qu'Aguiar ne faisait en réalité que canaliser son Josef Ratzinger intérieur. Ils citent le discours de Noël 2012 du pape Benoît XVI à la Curie, dans lequel il a souligné que le dialogue interreligieux « ne vise pas la conversion mais la compréhension ».

Mais les JMJ ne sont pas un rassemblement d’œcuménistes ou de praticiens du dialogue interreligieux. Il s'agit d'un rassemblement de jeunes majoritairement catholiques. Je suppose que la plupart des gens (y compris la plupart des parents qui paient beaucoup d’argent pour y envoyer leurs enfants) s’attendaient à ce que l’accent soit mis sur le catholicisme : explicitement et sans vergogne.

Domingues et Gabriel notent qu'Aguiar « supervise le groupe de travail sur le dialogue interreligieux » pour les JMJ. Ce sont eux, notent-ils, qui « invitent les gens de toutes les religions aux JMJ ». C'est bien, mais cela ne devrait pas fondamentalement modifier la nature catholique d'un événement destiné aux jeunes.

Les défenseurs d'Aguiar pourraient dire que je les interprète mal : il ne change rien. Mgr Aguiar sait que le dialogue interreligieux n'est qu'une partie d'une plus grande JMJ. Regardez le site des JMJ et voyez toutes les références christologiques ! Il abordait simplement le dialogue interreligieux dans un contexte plus large.